Socialisme ou barbarie au seuil du XXIe siècle
(Manifeste programmatique de la Quatrième internationale)
13. Le prolétariat, ses alliés et les "nouveaux mouvements sociaux"
La paysannerie laborieuse des pays du "Tiers-monde" qui, malgré son déclin numérique graduel, compte toujours plus d'un milliard d'êtres humains, est l'alliée la plus importante du prolétariat dans sa lutte contre le règne du Capital. Ensemble avec une partie de la population marginalisée des villes et une fraction de la petite-bourgeoise, elle reste mobilisable pour des objectifs anti-impérialistes, partie intégrante sinon prioritaire des tâches d'émancipation dans ces pays.
Dans les dernières décennies se sont développés des mouvements sociaux, tels que les mouvements féministe, écologiste, pacifiste, antiraciste, de libération homosexuelle, en marge et parfois en contradiction avec le mouvement ouvrier. Ces mouvements répondent à des contradictions nouvelles ou aggravées par les conséquences de la crise, tant des sociétés capitalistes que sous domination bureaucratique. Ils expriment une prise de conscience plus profonde et plus vaste des multiples facettes de l'oppression. Ils ont réussi à intégrer à la lutte de très larges secteurs populaires.
La classe ouvrière et le mouvement ouvrier organisé doivent assumer pleinement ce combat. S'il n'en a pas été ainsi jusqu'ici, et si de ce fait, ces mouvements ont occupé le terrain de manière largement autonome, la responsabilité en incombe avant tout aux directions traditionnelles du mouvement ouvrier, et dans une moindre mesure à la faiblesse et aux retards d'intervention en la matière de la gauche révolutionnaire.
Tout en participant activement à ces mouvements et en étant conscients de leur potentiel anti-capitaliste, nous luttons pour une alliance stratégique avec les luttes ouvrières et le mouvement ouvrier. En même temps, nous respectons l'autonomie légitime de ces mouvements sociaux qui ne sauraient être simplement intégrés dans le mouvement ouvrier en tant que tel.
Le prolétariat, allié à la paysannerie pauvre, est bien la seule force capable de jeter les bases d'une société nouvelle basée sur la liberté et la solidarité universelles. Pourtant, alors que la bourgeoisie est mieux organisée à niveau international qu'au siècle dernier, il n'existe plus d'Internationale ouvrière de masse. Cet aspect de la crise de direction politique prolétarienne pourra être surmonté grâce à l'apparition de nouvelles générations militantes, à l'assimilation des expériences d'hier, à l'accumulation de nouvelles victoires susceptibles de redonner confiance, au rétablissement d'un dialogue trop longtemps interrompu entre les classes ouvrières des pays capitalistes et des sociétés de l'Est, à une réorganisation en profondeur du mouvement de masse et de son avant-garde politique.