Socialisme ou barbarie au seuil du XXIe siècle

(Manifeste programmatique de la Quatrième internationale)

 

14. La lutte contre l'oppression des femmes

Le mouvement féministe répond à la plus vieille oppression que connaisse l'humanité. Il défend les intérêts de plus de la moitié des êtres humains. Il constitue une dimension essentielle de toute lutte pour l'émancipation humaine.

Les femmes constituent 53% de la population mondiale. En comptant aussi bien le travail domestique que le travail rémunéré, elles effectuent la majorité des heures du travail réalisées au niveau mondial. En revanche, quand il est rémunéré, le travail féminin est très largement sous-évalué par rapport à celui des hommes.

Les femmes sont en général exclues des responsabilités de pouvoir et de décision. Elles sont maintenues dans une position subordonnée. Elles n'ont même pas le contrôle de leur propre situation. C'est sur les femmes que retombe la responsabilité du soin des enfants et d'assurer la continuité du genre humain. Elles le font sans les moyens et les infrastructures nécessaires et, la plupart du temps, sans participation substantielle des hommes. Ceci les accule à une situation très vulnérable, économiquement et socialement, sujette à des dégradations, à des menaces contre leur santé, aux violences et aux agressions sexistes.

Bien que leur condition varie de pays en pays et qu'un progrès significatif ait eu lieu sur le plan de la contraception et du droit à l'avortement, combiné avec une augmentation de l'emploi salarié dans les pays les plus développés , les femmes sont toujours victimes d'une surexploitation économique et d'une subordination sociale et politique dans le monde entier. Elles sont les premières frappées par tous les désastres : la sécheresse, la misère, la guerre, les mesures d'austérité économique, la dépression et le chômage. Elles constituent le secteur le plus vulnérable des masses laborieuses. Avec les enfants, elles représentent 85% des dizaines de millions des réfugiés aujourd'hui à l'échelle de la planète.

La lutte contre l'oppression des femmes est donc une dimension fondamentale de la lutte pour l'émancipation sociale dans son ensemble. Il ne s'agit pas seulement d'une question de revendications démocratiques ou de droits civils, quelle que soit l'importance de cette dimension. L'abolition de l'oppression des femmes est nécessaire à toute lutte victorieuse pour une société meilleure.

Elle implique le droit absolu des femmes au contrôle de leur corps, au libre accès aux moyens contraceptifs, à l'avortement libre, à l'égalité complète au cours du travail comme dans la formation professionnelle et en matière de rémunération, à la liberté sexuelle, à la possibilité de vivre sans abus sexistes ni violences sexuelles et sexistes, à l'abolition de la responsabilité exclusive des femmes pour le travail domestique, au droit à un soutien matériel adéquat à la naissance et à l'entretien des enfants.

Nous soutenons et impulsons sans restriction la lutte et l'auto-organisation des femmes pour mettre fin à leur subordination. Nous reconnaissons sans réserve le droit des femmes à prendre en main leur propre destin. Cette bataille est partie prenante de la lutte pour le socialisme. Pas de libération des femmes sans socialisme, c'est-à-dire sans l'abolition de la propriété privée à la fois capitaliste et patriarcale. Pas de socialisme véritable sans libération des femmes; tant qu'une moitié de l'humanité opprime l'autre, aucune des deux ne saurait être libre. Les révolutionnaires, femmes et hommes, luttent pour la féminisation de tous les organismes sociaux, y compris leurs propres organisations, le mouvement ouvrier lui-même et toutes ses organisations politiques et syndicales.

 

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