Socialisme ou barbarie au seuil du XXIe siècle

(Manifeste programmatique de la Quatrième internationale)

 

20. A la conquête de la dignité, de l'espoir et du bonheur des individus

Hypocritement, la bourgeoisie accuse les socialistes de vouloir sacrifier "l'individu" et la recherche du "bonheur individuel" à des utopies et à la "contrainte étatique". Sans doute la pratique des bureaucraties ouvrières, tant staliniennes et post-staliniennes que social-démocrates, permet-elle d'alimenter cette mystification. Mais son cynisme est patent.

C'est la société bourgeoise et non "l'utopie socialiste" qui étouffe le libre épanouissement de la personne humaine pour l'immense majorité des habitant(e)s de la planète, non seulement dans le "Tiers-monde" mais encore dans les pays dits riches. Les contraintes matérielles, l'inégalité sociale, le travail aliéné, la consommation téléguidée, l'absence de libre choix dans pratiquement tous les domaines de la vie sociale, sont les vecteurs de cet étouffement.

Il faut retourner contre la bourgeoisie et ses "valeurs" pourries, la défense du droit au bonheur individuel comme il faut retourner contre elle les principes universels des droits de l'homme et de la femme. Les tenants du libéralisme néo-conservateurs, dignes successeurs à ce propos des ancêtres de l'idéologie bourgeoise, sont d'ailleurs pris dans une contradiction inextricable. Chacun(e) à droit à la recherche du bonheur individuel sauf si cela contredit les "lois d'airain de l'économie de marché", c'est-à-dire la défense des intérêts du capital.

Pour nous, socialistes révolutionnaires, il n'y a pas de "lois économiques immuables", pas de "contraintes économiques d'airain", auxquelles rien ni personne ne puissent échapper. Avec le niveau actuellement atteint de la richesse matérielle, les hommes et les femmes sont capables de choisir entre diverses variantes de priorités. Ils doivent conquérir la liberté d'effectuer ces choix en fonction de leur droit à la dignité et au bonheur individuels, à l'épanouissement de la personne humaine pour tous et toutes.

Les conservateurs libéraux font l'éloge d'une société où l'inégalité sociale serait dûe à des différences de mérite individuel. En fait, cette "méritocratie" cache l'exploitation et l'oppression qui sont à la base de l'inégalité sociale. Ceux qui possèdent, s'enrichiront. Ceux qui ne possèdent rien au départ, ne possèderont rien à la fin. L'hypocrisie de la prétendue méritocratie éclate dès lors que l'on enregistre les "mérites" de la corruption et du crime dans la création et l'accumulation des grandes fortunes.

A ces mystifications nous opposons la lutte pour l'égalité sociale des chances, comme base de la possibilité pour chaque individu à conquérir le bonheur individuel. Aucune structure sociale, ni celle du despotisme du marché, ni celle de l'"économie de commandement", n'ont le droit d'imposer un prétendu bonheur aux hommes et aux femmes malgré eux et contre eux.

En plus de la lutte pour la survie physique du genre humain, voilà aujourd'hui la justification principale d'être socialiste.

Le combat socialiste, c'est le combat pour une société au sein de laquelle le libre développement de tous et de toutes dépendra du libre développement de chacun et chacune. Dans un monde qui penche vers le désarroi, le scepticisme, le cynisme et la démoralisation quant à son propre avenir, la lutte pour le socialisme remise sur ses rails, c'est aussi la lutte pour la renaissance de l'espoir du bonheur.

 

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