Socialisme ou barbarie au seuil du XXIe siècle

(Manifeste programmatique de la Quatrième internationale)

 

3. La catastrophe déjà en marche dans le "Tiers-monde"

Les périls qui pèsent sur l'humanité se manifestent d'ores et déjà au grand jour dans les pays dépendants. La barbarie y est déjà à l'uvre. Il est inadmissible de juger le capitalisme dans le miroir des seules conditions d'existence qui prévalent pour une petite minorité de la population du globe la bourgeoisie, les classes moyennes et les couches salariées les mieux loties des pays les plus riches.

A quelques exceptions près, les pays du "Tiers-monde" ont connu un déclin désastreux du niveau de vie moyen au cours de la dernière décennie, ce qui a abouti à des conditions d'existence infra-humaines.

Les phénomènes de paupérisation absolue dépassent quelquefois ceux des années 30 et sont de moins en moins amortis par le maintien d'une agriculture de subsistance. Le pouvoir d'achat des salarié(e)s est souvent réduit de l'ordre de 50%. Dans les pays les plus pauvres, la consommation de calories de la moitié la plus démunie de la population tombe au niveau des camps de concentration nazis d'avant 1940. Le chômage endémique y atteint jusqu'à 40,5 % de la population potentiellement active.

Dans ces pays, quinze millions d'enfants meurent chaque année de faim, de sous-alimentation, de manque de soins. Tous les cinq ans, cette hécatombe silencieuse fait autant de victimes que la seconde guerre mondiale, y compris l'Holocauste et Hiroshima. L'équivalent de plusieurs guerres mondiales contre les enfants depuis 1945 : voilà le prix de la survie du capitalisme international.

Les ressources pour nourrir, soigner, loger et éduquer ces enfants existent pourtant bel et bien à l'échelle mondiale. A condition de ne pas les dilapider dans les dépenses d'armement. A condition de les redistribuer au bénéfice des plus défavorisés. A condition de ne plus confier leur répartition à l'esprit de gain des trusts chimiques, pharmaceutiques, agro-alimentaires, à la soif d'enrichissement des fabricants d'armes.

Une exportation délibérée de la pollution s'opère des métropoles impérialistes vers les pays du "Tiers-monde", qui deviennent une poubelle à bon marché pour les déchets industriels dangereux non recyclables. La terre consacrée pendant des millénaires à produire la nourriture de base des paysans est de plus en plus utilisée pour des cultures commercialisées, destinées à l'exportation. Il en résulte une désertification croissante, une destruction accélérée des forêts tropicales, un déplacement vers ces pays des industries particulièrement dévastatrices, qui créent rapidement des désastres écologiques pires encore que ceux dont sont déjà affligés les pays riches.

La chasse aux devises destinées à financer le service de la dette, le développement systématique de cultures d'exportation, accentuent la tendance à la sous-alimentation et à la famine. A présent, les pays pauvres sont exportateurs nets de capitaux à destination des pays riches, sans compter les effets de la détérioration des termes de l'échange, de la corruption, des détournements de fonds et de crédits publics par les classes possédantes des pays du "Tiers-monde" pour leur enrichissement privé. Synthèse de la dépendance et du sous-développement, le carcan de la dette accable avant tout les pauvres parmi les pauvres.

La lutte contre le paiement de la dette, pour son annulation immédiate et totale capital dû et intérêts , commence au quotidien par l'opposition aux politiques d'austérité salariale, qui exercent une pression terrible sur le pouvoir d'achat, aux coupes sombres dans les budgets publics d'éducation et de santé ordonnées par le FMI, au démantèlement du secteur public, et aux dégâts écologiques liés à la pénétration sauvage du capital.

Les travailleurs, les paysans, les déshérités des villes et des bidonvilles résistent à cette détérioration insupportable de leurs conditions de vie. En Amérique latine, en Asie et en Afrique se succèdent des vagues de grèves, des occupations de terres, des révoltes paysannes, des explosions urbaines de populations paupérisées et marginalisées, des luttes communautaires, mais aussi des succès électoraux, des grèves générales, des efforts d'organisation politique et syndicale sur une base indépendante de l'Etat et de la bourgeoisie, ainsi que des efforts pour constituer des foyers de résistance armée.

 

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